La lutte des verriers a connu une période décisive entre 1974 et 1982 quand, face à une fermeture d’entreprise (Glaverbel Gilly), ils ont obtenu le paiement du salaire jusqu’à la reconversion vers Splintex (plus tard AGC Fleurus) en 1982, et ont organisé une tentative d’entreprises publiques d’isolation de bâtiments à partir de leur formation professionnelle autogérée. Les accords dits historiques de la table ronde du verre de 1975 contiennent aussi des prépensions très favorables. Ces luttes contiennent de précieuses leçons.
André Henry met en avant les assemblées générales journalières, le comité de grève élu et représentatif, un syndicalisme aux mains de la base. Chaque entreprise, chaque secteur a des acquis et des méthodes de luttes différents, hérités de leur propre passé. Chaque nouveau combat intègre les leçons tirées au niveau de la masse et au niveau de l’avant-garde syndicale et politique. La lutte des verriers a par exemple cette particularité qu’au nom du maintien de l’outil (les fours) elle prend plus aisément qu’ailleurs la forme d’une occupation d’entreprise avec continuité de production.
André Henry nous livre aussi son témoignage de la grève historique de AGC Fleurus (ex-Splintex) de l’hiver 2005, à laquelle il a participé en tant que militant syndical pensionné et militant politique (LCR). Je me souviens du silence quasi religieux pendant son discours et des chauds applaudissements qui ont suivi lors d’une soirée au piquet à AGC ex Splintex sous tente, sur le plateau de Fleurus, avec projection d’un film d’époque (années septante et quatre-vingt) consacré à la lutte des verriers.
Des délégations de solidarité de toute la Belgique (tant d’Anvers et du Limbourg que de Liège pour ne nommer que ceux-là) ont épaulé la lutte des verriers contre cette expédition anti-syndicale de la multinationale japonaise AGC, soutenue par les partis traditionnels wallons.
Lors de la manifestation à Fleurus Christian Viroux, le dirigeant de la grève pour la FGTB, a remercié le ptb pour son soutien à la lutte en cours.Le fait que Christian Viroux (permanent syndical FGTB) s’est attiré en 2006 lors du conflit de Splintex les foudres de Josly Piette, ex-syndicaliste CSC devenu ministre CDH, et de Jean-Claude Vancauwenberghe, ministre président PS, montre à suffisance que le syndicalisme est de plus en plus confronté à l’attitude concrète de la social-démocratie par rapport aux conflits sociaux.
Sans parler de l’ouverture de la chasse aux chômeurs en 2004 par le socialiste Vandenbroecke, dénoncée avec force par la FGTB.Dans son livre, André Henry ne se perd pas dans des phrases générales comme c’est malheureusement parfois le cas de ce genre de récit de lutte ouvrière. Son récit autobiographique est très agréable à lire et fait apprécier les efforts et l’engagement de ce militant déjà légendaire du pays de Charleroi.