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Quelle Belgique ? Celle de Claus ou de Roegiers ?

5 décembre 2013 par Pips Patroons

chagrin ou bonheur?

Le Bonheur des Belges est, tout au moins selon son éditeur, un roman. C’est le produit de l’écrivain belge francophone Patrick Roegiers, bruxellois de surcroit. Il a vu le jour en 2012, 29 ans après la parution du Chagrin des Belges de Hugo Claus, écrivain belge néerlandophone. La quatrième de couverture nous apprend que la Belgique est un « petit pays génial et méconnu » et que la « fresque épique » que nous allons lire « est le pendant joyeux » du roman de Claus. Jetons un coup d’œil sur ces affirmations gratuites bien que mercantiles.

Examinons d’abord le roman de Claus qui couvre les années 1939-1947, c’est-à-dire la 2e guerre mondiale et sa suite. Il a été traduit en 1985 en français par Alain van Crugten, tâche difficile car l’histoire elle-même est racontée dans la langue culturelle, le néerlandais « officiel », tandis que les personnages parlent ce flamand vernaculaire utilisé par la petite bourgeoisie pour surmonter ses différents dialectes flamands, brabançons et limbourgeois. La France ne connaît pas une telle situation linguistique. Les patois mourants et les accents régionaux mis à part, on n’y parle que le parler républicain un et indivisible.

L’emploi dans le roman de cette langue flamande petite-bourgeoise a une fonction narrative essentielle. Selon Claus, interviewé par le journal Le Monde en 1987, « l’identité centrale des Flamands, c’est la langue. Elle a donné aux Flamands le sentiment d’appartenir à un terroir. La manière dont on parle implique une vision du monde ». La langue est tout le peuple était en effet le slogan romantique du mouvement flamand naissant. Le parler des personnages mis en scène est peuplé de formules, de clichés et de banalités typiques de l’aile nationaliste catholique de ce mouvement, une mouvance réactionnaire, antisémite et plein de rancœur envers la culture française et sa langue, non seulement perçue comme celle de la bourgeoisie belge, mais en plus de la démocratie parlementaire, des droits de l’homme, de la franc-maçonnerie, du socialisme, du rationalisme, de la décadence, etc. Cette rancœur était l’expression d’un profond sentiment d’infériorité. Le mécréant de gauche Claus, antimonarchiste déclaré, adversaire du séparatisme et défenseur démocratique des droits culturels flamands, rejette ce nationalisme petit-bourgeois médiocre, malsain et dangereux. Son roman a suscité la colère des milieux de la droite réactionnaire flamande traditionnelle.

Bien que considéré par les critiques (surtout du côté catholique) comme un roman réaliste, ils ont accusé ce réalisme de falsification: les nationalistes flamands refusent de reconnaître l’aspect criminel de la collaboration d’une partie des leurs avec le fascisme, collaboration qu’ils travestissent en « idéalisme » anti-communiste. Mais si nous pouvons croire l’historien et le critique de gauche Marc Reynebeau, Le Chagrin des Belges a comme thème l’imagination et le génie artistique comme moyen de survivre dans cette société belge. Imagination qui n’empêche pas l’auteur d’esquisser ce petit monde fricoteur poussé, non pas par idéalisme, mais par son opportunisme et son hypocrisie à la collaboration avec l’occupant nazi. Le mouvement flamand de droite a longtemps été caractérisé par l’étroitesse d’esprit propre à la Belgique en général et à la Flandre d’avant-guerre en particulier. Les petits pays, marqués par le provincialisme et le traditionalisme, ne produisent pas de grandes idées, avait déclaré non sans raison ce scélérat qu’était Léopold II, roi des Belges et exploiteur sanglant de sa propriété privée qu’était le Congo. Les crapules disent parfois la vérité.

La Flandre actuelle qui est l’arrière-fond du récit de Patrick Roegiers est bien différente de celle de Claus. La religion y a fortement reculé, le mariage pour tous a été introduit sans difficultés, sa culture s’est adaptée à l’idéologie postmoderne et néolibérale et elle fait partie d’un royaume fédéral où les communautés gèrent leurs propres affaires. Le sentiment d’infériorité culturelle du nationalisme flamand envers la francophonie a été remplacé par un sentiment de supériorité économique. Le mouvement flamand lui-même et les partis qui le représentent, à l’exception d’une extrême droite minoritaire (qu’on retrouve d’ailleurs partout en Europe), s’est prononcé pour un projet autonomiste néolibéral, comparable à d’autres mouvements nationalistes, par exemple celui de la Catalogne.

Roegiers nous raconte une histoire de la Belgique dans un style farceur, plaisant, blagueur, la zwanze quoi, pour employer un terme bruxellois. Ce style, qui me fait parfois penser à Séraphin Lampion, ce personnage casse-pieds dans les aventures de Tintin, est supposé exprimer la belgitude. Les clichés font parti du style. Citons-en quelques uns : « Les Belges ont peu de fierté naturelle. Ce sont de fieffés saccageurs ; Excessif comme un Flamand ; Pays de cocagne, réputé pour ses blagues, son bien-être et son hospitalité, la bonne humeur et la gentillesse de ses habitants ; il aime la bonne chère ; Quel beau pays ; Les Belges voient grand ; Les Belges sont sympathiques, serviables, aimables avec les étrangers (tiens !?). Ils se mettent en quatre pour rendre service. Ils sont bons vivants. Ils sont insouciants, spontanés, ils ont bon cœur, ils aiment le confort, ils adorent l’abstrait, ils ont un accent, ils parlent d’abord et réfléchissent après ». Ça continue comme ça jusqu’à la page 421. De l’ironie ? Même pas. Ce livre contient aussi une longue liste de personnages belges ou de personnes ayant eu un lien avec ce pays. Tout le monde depuis le Moyen Age y passe : artistes, athlètes, chanteurs, comédiens, cosmonautes, coureurs, couturières, écrivains, militaires, peintres, scientifiques. Il s’agit en fait d’un (mauvais) manuel d’histoire pour les nuls. Ainsi les grands événements considérés comme fondateurs de la Belgique ont chacun leur chapitre : I. Waterloo et Victor Hugo; II. La révolution de 1830 et l’opéra; III. L’expo universelle de 1958 et les quatre frères Bayard; IV. La bataille des éperons d’or de 1302 et Hendrik Conscience; V. Le Tour de Flandre et De Vlaeminck, etc.

Patrick Roegiers prétend parler de la Belgique en s’adressant au touriste lambda pour vanter principalement l’art de vivre et la culture des villes flamandes. Les mots néerlandais contiennent des fautes d’orthographe irritantes. Malgré le fait qu’il prétend parler de la « Belgique », Roegiers ne mentionne pas dans son récit l’autre partie du royaume, c’est-à-dire la Wallonie avec sa culture spécifique qui repose, elle, sur son passé ouvrier. Dommage. Crachant mon fiel je ne peux que conclure qu’il s’agit d’une vision typiquement petite-bourgeoise d’un Bruxellois qui s’extasie de la Flandre où il se rend les weekends et qui évite d’aller regarder de près la misère à Charleroi.

Le livre n’est donc pas du tout un pendant du roman de Claus. Il s’agit au contraire d’un ramassis de mythes trompeurs, d’une vision basée sur des clichés imbéciles. Le Bonheur des Belges rend un mauvais service à la culture francophone du pays.

(La semaine prochaine : Érotisme chinois)

publié également sur le blog du NPA du Tarn

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