Chaque Premier Mai, la FGTB de Bruxelles organise une fête à la Place Rouppe, au centre ville : un concert avec plusieurs groupes s’adressant à un public jeune, une multitude de stands d’associations démocratiques et de groupes politiques de gauche, des bars, buvettes et quelques endroits pour se restaurer. Ce type de fête, conviviale et politiquement pluraliste à gauche, avait été initié dans les années 1990 par Albert Faust, alors Secrétaire général du SETCa BHV et Président de l’Interrégionale de Bruxelles de la FGTB. Cette année, tout devait se dérouler comme à l’accoutumée et la plupart des associations et organisations de gauche avaient réservé (et payé) leur emplacement pour y installer leur stand.
Puis, un courrier de Philippe Van Muylder, Secrétaire général de l’Interrégionale de Bruxelles de la FGTB, est arrivé par mail au début du mois d’avril pour annoncer « qu’en raison de la difficulté de sécuriser un espace aussi vaste (après les attentats de Zaventem et de Maelbeek), il avait été décidé de supprimer les stands des associations» (rue du Midi et avenue de Stalingrad). A l’initiative de la LCR, une dizaine de partis et d’associations ont adressé un courrier à Philippe Van Muylder protestant à la fois contre cette mesure qui ressemble à une censure et proposant d’organiser, en plus du service de sécurité prévu, un service d’ordre militant permettant d’assurer la tenue des stands. L’UPJB a, de son côté, adressé une lettre ouverte à la FGTB de Bruxelles demandant de revenir sur cette décision et d’exiger de la police la sécurisation du lieu. Ces lettres n’ont eu aucun effet ni réponse. La FGTB s’est contentée de rembourser les réservations de stands sans le moindre commentaire.
Habituellement, le jour du Premier Mai une foule de plus en plus nombreuse afflue vers la place Rouppe en début d’après-midi tout en parcourant les différents stands. Cette année, c’était le calme plat. Vraiment très peu de monde avant que ne commencent véritablement les concerts. Bref un demi-flop pour ce Premier Mai 2016 en raison de la bêtise et de l’obstination des responsables bruxellois de la FGTB.
Le tandem Jean-Pierre Knaepenberg (Président de la FGTB Bruxelles) et Philippe Van Muylder (Secrétaire général) se rend-il compte que la présence de nombreux stands politiques et associatifs de gauche attire un large public soucieux à la fois de fêter le Premier Mai mais aussi de s’informer à l’heure où le gouvernement Michel massacre à la tronçonneuse les acquis du mouvement ouvrier ? Discuter, échanger les propositions de luttes est d’autant plus indispensable aujourd’hui. De surcroît, à quelques semaines des élections sociales !
Qui décide à la FGTB de Bruxelles ? Les responsables ou un obscur employé chargé d’organiser la fête et probablement impressionné par les mesures sécuritaires. Si ce sont les responsables, sont-ils terrorisés par la menace d’attentats ou par les propositions de luttes alternatives avancées par les associations et partis de gauche ? On se le demande.
Comble du cynisme, l’espace réservé habituellement aux associations (que l’on ne pouvait soi-disant par sécuriser) était occupé cette année par les échoppes de frites, boudins merguez et caricoles. L’an prochain, des auto-scooters et de la barbe-à-papa à la Place Rouppe ? Comme à la Foire du Midi ?