Quand l’autorité s’approprie des concepts féministes comme le sexisme, le genre, l’empowerment ou l’égalité, et mine ceux-ci, nous souhaitons faire plus que d’en être irritées au plus haut point tout en restant impuissantes.
Quand aucun des partis traditionnels ne fournit ne serait-ce qu’une seule riposte sérieuse, aucune d’entre nous ne souhaite encore leur donner notre voix.
Quand une chance se présente du côté sérieux de la gauche pour réunir les voix de tou.te.s celles et ceux qui s’irritent, se révoltent, s’indignent sur la politique actuelle et sont à la recherche d’une alternative et d’une traduction politique au parlement, nous voulons y collaborer.
Quand la liste la mieux placée aujourd’hui pour essayer de réaliser une telle percée est le PVDA+, nous choisissons de soutenir cette liste avec notre candidature, malgré quelques différences d’opinions profondes et encore, espérons-le, à clarifier.
Un petit pas compliqué…
Nous nous trouvons donc dans le plus de la liste PVDA+ comme candidates indépendantes, sur l’invitation du SAP. Une construction un peu compliquée, mais ceci est peut-être propre à chaque collaboration récente et provisoirement électorale, où chacun exprime sa particularité idéologique.
Ça peut devenir un pas important vers davantage. Mais commençons par aller de l’avant pour ces élections.
Motivation féministe
En ce qui concerne la motivation générale pour cette dernière impulsion politique, nous nous joignons aux déclarations du SAP/LCR et les complétons avec nos motivations féministes.
Dans le monde entier, des femmes se trouvent confrontées à une discrimination spécifiquement sexiste . Sexiste signifie : une oppression basée sur le sexe/genre. Cela ne signifie pas que l’oppression est uniforme, mais bien qu’elle touche toutes les femmes. Toutes les femmes ! A quoi ressemble une vision féministe qui englobe l’émancipation de toutes les femmes ? Elle reconnaît que l’oppression des femmes est couplée avec d’autres formes de discrimination, comme le racisme, l’exploitation de classe, la pauvreté, la dégradation du milieu, l’orientation sexuelle etc .
Cette opinion se trouve dans l’actuelle « pensée transversale », mais se trouvait aussi déjà dans notre bonne vieille conception féministe-socialiste : le féminisme doit concerner « la libération de toutes les femmes de toutes les formes de discrimination, d’exploitation et d’injustice ».
Le terme « libération des femmes » n’est plus au goût du jour. Il éveille de la compassion, de l’angoisse ou de l’incrédulité. Peut-être parce qu’on ne croit plus à la vision globale de la société dont il découlait : une vision d’une société socialiste-démocratique, c’est-à-dire sans classes, sans exploitation, sans discrimination. Ou, pour le formuler de manière positive, une société qui envisage les gens comme égaux, ensemble chacun avec son individualité, libre et solidaire, où le sexe n’intervient ni dans la répartition socio-économique des tâches, ni dans les relations intimes.
Beaucoup traiteront cette vision d’utopique. Mais vous pouvez aussi l’examiner autrement : cette vision est le résultat d’une réflexion radicale à travers les principes d’égalité, de liberté et de solidarité, qui sont aussi (ou devraient être) l’étalon féministe pour juger la société d’aujourd’hui et entreprendre des actions.
Quel féminisme ?
L’explication d’une vision féministe choisie est plus importante que jamais. Il existe effectivement beaucoup de courants et de visions féministes, précisément parce que le point de départ concerne la lutte contre la relégation des femmes au second plan.
Dans le climat néolibéral actuel, les interprétations libérales de droite du féminisme menacent de prendre le dessus, assez ironiquement souvent exprimées par des messieurs d’âge mur à la Dirk Verhofstadt, qui se réfèrent à un « modèle supérieur occidental d’émancipation ».
Mais il y a plus. Au nom de toutes sortes de principes féministes, nos dirigeants – et certaines organisations de terrain – mènent une politique d’émancipation qui prétend être universelle. Universelle parce qu’elle est ouverte à chacun : il suffirait selon eux de faire les choix « justes », comme par exemple d’avoir une carrière à temps plein ou de ne pas porter de foulard. En réalité, cette politique est surtout taillée sur mesure pour les femmes de la classe moyenne (supérieure) !
Comme féministes-socialistes de gauche, nous ne pouvons pas laisser ces féministes éclairées autoproclamées nous voler la parole ! Notre vision compte. Elle est le bébé précieux qui ne peut pas être jeté avec l’eau du bain.
Du côté de la droite, il y a un certain féminisme néfaste intégré, et il est largement propagé, du côté de l’extrême gauche, notre féminisme n’en est pas encore là. C’est dommage mais c’est la réalité.
Parce que le féminisme comme vision d’une société de libération globale sera déterminant pour notre avenir.
Dans le cadre des prochaines élections, Ida Dequeecker et Evie Lambrechts vont publier divers textes à propos du féminisme, du socialisme, de la situation actuelle et de la résistance.
— Ida Dequeecker, Evie Embrechts
traduction : Michèle Marteaux