J’ai mal à mon socialisme: après 20 années de mandat et de militantisme, après un long combat au sein du PS, j’ai finalement décidé de quitter ce parti.
Le 20 décembre, je fus la seule parlementaire socialiste à m’opposer à la ratification du traité européen d’austérité, le TSCG. Ma décision, annoncée aussi bien publiquement qu’en interne au sein de mon parti depuis des mois, a suscité de vives réactions au sein du PS. Depuis, je suis de fait exclue du groupe socialiste au Parlement bruxellois.
Aujourd’hui, il ne m’est plus possible de continuer à rester au PS dans ces conditions et de cautionner ainsi des pratiques et une orientation qui me sont étrangères.
Quitter le PS m’est pénible et n’est pas une décision facile. Je garde beaucoup d’amis que j’aime et que je respecte au PS et avec qui j’ai pu porter de nombreux combats pour l’égalité des droits, pour la solidarité internationale et pour la justice sociale.
En restant profondément attachée aux valeurs socialistes, je ne peux plus aujourd’hui me retrouver dans la politique pratiquée par le PS sous le prétexte que « sans nous, ce serait pire ».
Austérité de plus en plus lourde, politique de l’immigration de plus en plus rude, fragilisation des droits des chômeurs et des jeunes, ce projet de société n’est pas le mien ni celui des électeurs socialistes. C’est pourtant ce qui se met en place avec le soutien du PS.
Tristement, je dois constater que le parti avec lequel j’ai cheminé pendant deux décennies est aujourd’hui dans une impasse. Si je sais les avancées que nous avons obtenues par le passé, je vois aujourd’hui les régressions auxquelles nous participons.
Je ne peux soutenir cette politique ni rester silencieuse.
Le tout est aggravé par une démocratie interne de plus en plus vidée de son sens au sein du Parti. Qui se souvient encore que nous avons connus au PS de grands débats conclus par un vote autours du droit de vote des étrangers par exemple ? Le TSCG a lui été adopté au pas cadencé et sans discussion !
Je ne peux plus rien faire pour amener le PS à changer d’orientation en y restant.
La détresse qui traverse aujourd’hui notre société n’appelle pas les hommes et les femmes sincèrement de gauche à cesser leur combat. Au contraire, il nous faut redoubler d’efforts pour que le capitalisme ne soit plus un horizon indépassable. C’est pourquoi je vais continuer à militer, à m’engager pour les causes qui me sont chères. Et dans l’immédiat, dans les mois qui viennent, je le ferai en soutenant l’appel PTB-go ! comme l’ont fait certains compagnons de combats.
Cet appel m’a interpellée, m’a rendu l’espoir. Je vois les membres de ce parti présents depuis des années sur le terrain. Avec leur évolution, ils apportent un vent frais à la gauche avec leur militantisme, leurs propositions, leur projet politique. Je constate aussi leur ouverture avec cet appel à se rassembler à gauche, avec l’appui de syndicalistes, d’artistes et d’intellectuels, pour amener desporteurs de résistance dans les différents parlements. C’est pourquoi je me reconnais pleinement dans cet appel : « Demain des élu(e)s se revendiquant pleinement de la gauche, pourront porter des revendications largement partagées à gauche comme l’instauration d’une véritable fiscalité sur les grandes entreprises ou la défense des services publics. Par ailleurs, leur présence sera utile à toute la gauche, à ceux qui luttent, à ceux qui doutent, à ceux qui désespèrent de la politique et même à ceux qui tentent de modifier le cours des partis traditionnels. Il est des rendez-vous qu’il ne faut pas manquer. »
Alors, oui, ce rendez-vous là je ne veux pas le manquer.
Sfia Bouarfa
Députée bruxelloise