Depuis deux ans l’enseignement provincial du Hainaut tient salon au Lotto Mons Expo[1]. Ça fait tourner le garage à Zeppelins et donne l’impression que la capitale interstellaire est sans conteste le centre de la galaxie. Dès la première édition, en 2013, partant d’un constat assez noir « La conjoncture économique est mauvaise, on le sait. Partout, des entreprises ferment, restructurent, « dégraissent »… Que vont devenir les personnes touchées par un licenciement ? Tout va dépendre de leur qualification… », l’objectif affiché était de promouvoir la formation et la qualification. Si l’on écoute la bonne parole provinciale, l’Itinéraire Métiers « est destiné à ouvrir aux jeunes et aux gens qui souhaitent réorienter leur carrière des portes insoupçonnées » car « Il y a, d’un côté, des gens en recherche d’emploi et, de l’autre, des postes qui restent vacants. La faute à la qualification ».
Passons sur ce raccourci un peu rapide qui laisse croire que la question de l’emploi se résume aux problèmes des qualifications et pourrait, oh miracle, se régler en mettant plus de jeunes « qualifiés » sur le marché de l’emploi… Parlons plutôt d’un autre miracle qui selon de nombreux témoins se serait produit dans cette édition 2014.
Miracoli, Miracolo
C’était vendredi, jour de la grande prière. De tout le Borinage et plus loin encore de la province entière, on avait amené des dizaines, des centaines de jeunes en quête d’emploi. Il y en a qui furent sortis de leur classe à la dernière minute et invités à suivre leurs professeurs pour une traversée pédestre de la belle ville. C’est ainsi que le hall, transformé en Mecque de la qualification, se remplit d’une foule de pèlerins pour assister au programme concocté en haut lieu : « démonstrations, manipulations, animations »[2].
Et soudain IL apparut, IL fût là ! IL semblait flotter, porté par une lumière intense. Toute vie s’arrêta, l’espace d’une microseconde. Et tout changea de sens. Et tous furent changés en hommes bons, à l’éternelle jeunesse. Tout le mal qui les hantait, subitement dissipé, IL le remplaça par du bonheur et de l’allégresse. Voilà ce qui s’appelle tenir ses promesses : animations, démonstrations, manipulations…
Nous n’avons malheureusement pas de traces de cette apparition. Tous les appareils qui ont tenté de saisir l’image du Tout Puissant, numériques ou argentiques, furent frappés de cécité. Le Vénéré toucha les mains de ses nouveaux fidèles et, laissant la jeunesse se rassasier aux Jardins du délice, IL s’en fut pour porter la bonne parole au souper des pensionnés socialistes, deux villages plus loin. Et IL leur tint ce discours : « bienheureux les pauvres car ils mourront vieux ». A moins que ce ne soit l’inverse…
–fRED