République islamique et 1er mai ; répresssion et racisme
Le 27 avril 2015, des arrestations arbitraires visant des activistes du mouvement ouvrier ont eu lieu au Kurdistan et à Téhéran. Il s’agit de Mahmood Saléhi du comité de coordination pour aider à la constitution d’organisations ouvrières, Osman Esmaili du comité de défense des ouvriers de Mahabat (ville du kurdistan), Davood Razavi et Ebrahim Madadi du syndicat des transports de Téhéran (Vahed). Ces militants, a qui documents et ordinateurs ont été saisis, n’ont toujours pas été libérés. En outre, de nombreux autres militants sont convoqués par les « services de sûreté » et menacés d’emprisonnement.
Ces 4 arrestations survenues à la veille du 1er mai cherchaient à empêcher toute manifestation indépendante célébrant cette journée hautement symbolique de défense des droits des travailleurs/ses et de solidarité internationale.
Depuis l’élection de M.Rouhani et malgré son étiquette de « modéré », la répression dirigée contre les activistes des mouvements sociaux et surtout les militants ouvriers n’a cessé de se durcir. Ces dernières arrestations en apportent une preuve supplémentaire.
Il faut préciser que dans le même temps, « la maison des travailleurs », organisme directement affilié au régime islamique, a organisé une manifestation à Téhéran : tandis que des dizaines d’activistes sont enfermés dans les geôles de la république islamique, cette journée qui se devait être une journée si caractéristique de la solidarité internationale, s’est transformée en une journée ou le racisme d’état a déferlé dans les rues de la capitale derrière des slogans dirigés contre les ouvriers afghans. Les Afghans ayant fui la guerre et la famine pour se réfugier en Iran, privés de droits, surexploités et vivant dans des conditions des plus difficiles, sont la cible répétée d’attaques racistes.
Alors qu’il est en train de capituler sur son dossier nucléaire, le régime islamique accentue la répression contre les mouvements de protestation, voulant empêcher la classe ouvrière de saisir l’occasion de cet échec pour avancer leurs revendications et agir.
Istambul : 1er mai sous les gaz
Plus de vingt mille policiers furent mobilisés dans tout Istanbul pour empêcher syndicats, partis et organisations de gauche d’accéder à la place de Taksim qui est interdite aux rassemblements du 1er mai depuis trois ans. C’est pourtant bien l’AKP, parti au pouvoir, qui avait décrété officiellement le 1er Mai comme fête du travail en 2009 et levé l’interdiction de le célébrer à Taksim où 34 personnes avait trouvé la mort en 1977 suite à une provocation de l’Etat. Mais elle fut re-intérdite en 2013 (en raison de travaux en court !), ce qui fut un des éléments de l’indignation populaire qui aboutit à la “révolte de Gezi” juste un mois plus tard.
Cette année aussi toutes les mesures imaginables ont été prises pour empêcher les célébrations sur la place de Taksim: arrêt total des transports en commun (bateaux, métro, tramway), blocage de tout accès en voiture, barrières et contrôles de police dans tous les quartiers périphérique de Taksim, véhicules anti-émeutes, hélicoptères, bombes à gaz lacrymogène et balles en plastique… Bref, des mesures d’exception de moins en moins exceptionnelles.
Malgré toutes ces “précautions” près de deux mille manifestants ont réussi à rejoindre Beşiktaş (scandant “Erdogan voleur, assassin”), à quelques kilomètres de Taksim, où les principales confédérations syndicales de gauche DISK et KESK avaient appelé au rassemblement pour tenter ensuite de marcher vers Taksim. Juste à la fin des négociations, où la police proposa qu’un groupe de 300 personnes défilent jusqu’à Taksim (ce que les syndicats refusèrent évidemment). La police chargea violemment avec canons à eau et jets de bombes à gaz sans aucun avertissement.
Cependant de violents conflits entre policiers et manifestants avaient lieu dans d’autres quartiers non loin de Takim. D’autre part une trentaine de membres du Parti Communiste, s’étant cachés dans un immeuble sur la place de Taksim ont subitement surgit de leur repaire et brisé ainsi symboliquement l’interdiction avant la brutale réaction de la police.
Au total plus de 250 personnes prises en garde à vue et des dizaines de blessés.
Au moment de la répression à Beşiktaş, Le Président de la république Erdogan expliquait que toutes ces mesures étaient nécessaires car les démonstrations à Taksim bloqueraient la circulation et paralyserait toute la ville…
Sources : NPA