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La menace fantôme

25 novembre 2015 par Shirin Shalkooi

TRAQUE

L’expression « psychose collective » est le produit de psy, de journalistes ou de militants qui échouent à fournir une analyse politique. Tandis que la panique, elle, est le produit de politiques dont la stratégie est celle du choc.

La folie est politique

De nombreux-ses psy (NDLR psychologue, psychiatre, psychanalyste, psychothérapeute) n’ont de cesse de rappeler que la folie est politique. Tout d’abord, tout simplement parce que les mots employés pour l’appréhender et les dispositifs destinés à s’en occuper évoluent en fonction des politiques. Le bûcher, la prison, l’asile, l’hôpital, l’annexe psychiatrique, l’ambulatoire, le home, répondent à autant de manières de gérer la personne définie tantôt comme marginale, délinquante tantôt comme anormale, folle, chronique ou malade mentale. Par conséquent, les diagnostics psychologiques n’ont intrinsèquement aucune valeur informative, ils sont dépendants du contexte politique, historique, social et économique d’une société donnée. Ils ne permettent a priori pas de savoir à qui on aura à faire. Lorsqu’on lit « handicap mental de type B » ou « Troubles paranoïdes », nous ne tomberons absolument jamais deux fois sur la même expression d’une détresse psychique.

Ensuite, la folie est politique car la détresse psychique peut être une manière de faire face à l’aliénation sociétale. L’austérité, le chômage, les guerres, les violences sexuelles et les viols, l’impérialisme, l’abandon à la naissance, les colonisations, l’exode, le sans-abrisme, l’homophobie, la transphobie, le racisme, etc… provoquent une augmentation considérable de troubles psychologiques, de troubles du développement et de psychotraumatismes dans la population concernée. Ici, l’idée est de contester la réduction de problèmes politiques à des questions de santé publique qui constitue une stratégie clé du biopouvoir. Par exemple, les cellules de soutien psychologique dans les entreprises sont avant tout des outils de destruction de toute contestation collective organisée en individualisant la souffrance des employés.

Enfin, nous entendons également souvent l’expression « la folie est politique » pour pointer cette folie qui nous concerne tous-tes, ce qui en chacun-e de nous échappe à tout contrôle, à toute quantification, à toute observation et à toute normativisation. Cette part qui échappe est à la fois ce qui garantit le fait que nous soyons chacun-e différent-e des autres mais également ce qui témoigne de la part d’incertitude constitutive de toute société humaine. C’est pourquoi, le tout sécuritaire pour un risque zéro est immanquablement voué à l’échec. La vie est faite de probabilité, d’imprévisibilité, et il s’agit d’un défi politique de pouvoir prendre cette donnée en considération. Attention, cela ne veut absolument pas dire qu’on ne peut pas travailler à la diminution des risques, notamment en analysant les différents facteurs de risques et en épinglant ceux sur lesquels il y aurait moyen d’agir. Mais, que la logique d’éradication DU risque – de tout risque – elle, est totalitaire et entraîne des politiques liberticides, des politiques préventives de fichage dès le plus jeune âge, etc…

Les médias s’en donnent à cœur joie

Ce dernier point, brûlant d’actualité, conduit à ce qui a motivé cet article : l’utilisation de la folie dans les médias ces dernières semaines. Tout d’abord, en ce qui concerne les personnes ayant commis les attentats revendiqués par Daech. Non sans un certain sensassionnalisme, journaux, revues, émissions télévisées, etc… s’en donnent à coeur joie de parler de « désespérés », « de psychopathes »  ou « de fous ». En matière de tueries, on le sait, la folie a généralement bon dos. Or, comme l’explique Fethi Benslama1, « ce n’est pas une question de profil, il n’y en a pas — mais de « profit » subjectif, politique, matériel : être un héros, assouvir une vengeance, réparer une injustice, jouir d’un pouvoir, satisfaire des pulsions destructrices en les anoblissant par la cause, etc. Les motivations sont comparables à la rose des vents avec ses trente-deux directions. Il faut que l’offre corresponde à une attente et actionne des ressorts significatifs qui ont « des synapsies » politico-subjectives. ».

Daech n’est pas un rassemblement de « fous furieux » mais une organisation qui a un projet politique : la restauration d’un Califat. Projet pour lequel elle entraîne des soldats dont une petite partie vient de pays occidentaux. Concernant ces derniers, comme Hannah Arendt théorisant la « banalité du mal », il est intéressant de constater que ces jeunes sont généralement séduits par un idéal, un sentiment d’appartenance, venant résoudre une fragilité identitaire. Ce sont donc des personnes qui ne montrent aucun signe de cette représentation – erronée, insultante et stigmatisante pour les personnes aux prises avec une détresse psychique – de dangerosité de la folie mais plutôt des jeunes paumés considérant qu’ils ne valent rien. Par conséquent, ce sont également l’isolement social, le racisme, l’islamophobie, le manque de perspectives qui sont à mettre au banc des accusés.

Indispensable solidarité

Les attentats terroristes qu’ils aient lieu en France, en Syrie, au Mali, en Afghanistan, au Liban, au Cameroun, au Nigeria, en Irak ou n’importe où dans le monde, réussissent leur dessein : ils terrorisent la population. Comme l’explique encore Benslama : « l’attentat-suicide est censé assurer une victoire dans laquelle le victorieux disparaît, parce qu’il ne tient pas à la vie comme ses ennemis. À travers le spectacle de membra disjecta, il laisse une scène terrifiante : la destruction de la figure humaine. Ce n’est pas seulement la mort, mais l’anéantissement de l’autre ». Ces attentats ne répondent à première vue à aucune logique, ils n’ont aucun sens : pourquoi des civils dans la rue ? Face à cet indicible, Wasseem el Sarraj2 rappelle que la première étape est de normaliser l’angoisse et la détresse : « ce n’est pas l’état de choc qui est anormal, c’est ce que vous avez vécu ». Et c’est là que les témoignages de solidarité sont indispensables parce qu’ils transmettent un message : « ça nous traumatiserait tous et ce que vous vivez est odieux ». [Ici3, vous pouvez trouver une liste de praticien-nes français-es, belges, suisses qui offrent gratuitement de l’aide aux victimes et proches des attaques de vendredi 13 novembre].

Heureusement, les victimes de Paris bénéficient de cette solidarité à travers le monde. Cependant, dans le même temps, c’est comme si notre propre silence de ces dernières années sur la Syrie, depuis l’année passée sur le Nigeria, des mois précédents sur Suruç, de la veille sur Beyrouth, d’avant-hier sur le Mali, d’hier au Cameroun, se faisaient en un coup tellement si lourds et si glaciaux en comparaison à l’émoi suscité au niveau international en quelques heures. Bien sûr, on ne se sent pas touché-es de la même façon par ce qui arrive près ou loin de chez soi, par ce qui nous touche directement ou indirectement. Les mécanismes de défense tel le refoulement nous préservent d’être terrorisé-es par toutes les atrocités qui se déroulent à travers le monde. C’est une question de survie.

Mais, les mécanismes psychologiques ont leur propre logique qui ne correspond pas à la logique politique. D’un point de vue politique, nous ne pouvons pas faire comme si ce qui se passait « ici » n’était pas en lien avec ce qui se passe « là-bas ». 250000 morts depuis mars 2011 en Syrie par la faute du régime totalitaire des Assad, ça revient à 150 morts chaque jour depuis 2011. Encore l’indicible. Et pourtant, les rassemblements de soutien au peuple Syrien réussissent à mobiliser 250 personnes dans les meilleurs des cas. Les implications de cette empathie à double standard se marquent sur le subjectif, sur l’estime et la considération qu’une personne victime de la guerre peut avoir pour elle-même. Comme l’explique Elie Fares4: « La partie la plus horrible de la réaction aux attentats terroristes de Paris, cependant, est que certains Arabes et  Libanais ont été plus attristés par ce qui se passait là-bas que ce qui a eu lieu hier ou avant-hier dans leur propre environnement. Même parmi mon peuple, réside le sentiment que nous ne sommes pas aussi importants, que nos vies n’ont pas autant de valeur et que, même aussi insignifiant que ça puisse paraître, nous ne méritons pas d’avoir nos morts priés et pleurés par la collectivité ».

Menace fantôme et dépossession

Pour terminer, comme si le terrorisme des attentats ne suffisait pas, la Belgique assiste depuis ce week-end à des mesures sécuritaires historiques : militarisation des rues ;  descentes dans les quartiers ; fermeture des écoles, des crèches, des universités et de bureaux ; fonctionnement minimal de certains hôpitaux ; fermeture de certains magasins et de certaines grandes surfaces ; annulation de beaucoup d’évènements, conférences, spectacles ; suppression de transports publics, etc… Dans ce contexte, les appels des médias à « ne pas céder à la folie », « à ne pas entretenir la psychose collective »5 se multiplient. Or, sans décortiquer en quoi cette expression est psychologiquement incorrecte, ce qui se passe depuis ce week-end à Bruxelles, ce n’est pas une « psychose collective » mais un gouvernement qui envoie un seul et unique message aux gens : non seulement vous êtes menacés mais en plus vous ne pouvez strictement rien y faire. Veuillez mettre vos vies entre les mains des militaires et de la police et tout faire pour ne pas entraver leur travail. Par ailleurs, cet ordre est justifié par le martèlement du syntagme : « menace sérieuse et imminente ». Soit, une menace fantôme, invisible mais omniprésente dont le seul indice pour l’individu lambda est justement l’ampleur des mesures militaires déployées.

Les effets anxiogènes de cette dépossession de tout moyen d’action sont quasi inévitables. Et ces effets sont démultipliés à chaque fois que les militaires et la police témoignent de leur incompétence. Depuis samedi, les informations télévisées et les conférences de presses sont impressionnantes de rien, les paroles déversées sont vides de tout contenu. Une bonne vingtaine d’arrestations dont la quasi-totalité sont classées sans suite. Aucune arme ni explosif n’ont été trouvés à ce jour.

Suite aux attentats, nous sommes nombreux-ses à avoir vu défiler une multitudes d’articles titrés « comment en parler aux enfants ? ». Dans les conseils donnés, il y en a un qui frappe à chaque fois : « les rassurer en disant que la police et les militaires sont là pour nous protéger ». C’est ce qu’on appellerait apparemment l’effet Zorro, soit l’effet du justicier là pour nous défendre. Aucun doute que cela ait un effet rassurant sur les tout petits mais on ne parle pas aux enfants comme on parle aux adultes. Or, aucun article n’a pris la peine de poser la question « qu’en dire aux adultes ? ». Surtout maintenant que les crèches, les écoles, les hôpitaux, etc… ré-ouvrent. Voir le témoignage de Marcel Sel6 : « Charles Michel, nos enfants ne sont pas de la chair à terroristes ». Sans oublier les personnes qui sont directement ciblées par la police et les militaires eux-mêmes : musulman-es, immigré-es et molenbeekois-es sont aujourd’hui menacé-es, non seulement par Daech mais aussi par les ministres Jambon, Francken et consorts. Dans la panique et sans avoir à répondre de rien, nous savons que le bras armé de l’Etat est capable du pire, de l’intimidation, de l’arrestation voire de l’assassinat d’innocents.

Stratégie du choc

Pour conclure, comme le disait un camarade à une soirée de discussion sur la Syrie vendredi soir : la meilleure manière d’être solidaire avec les peuples Syrien, Turc, Palestinien, Libanais, etc… c’est de nous battre contre nos propre gouvernements. Les prétendus pactes « de sécurité » et « de stabilité » sont deux leurres à combattre. La stratégie du choc opérée par les Etats capitalistes, telle que l’a théorisée Naomie Klein, vise à profiter d’un état de choc dans la population pour faire passer des mesures antisociales et liberticides. Dans ce contexte, c’est le moment ou jamais de nous réapproprier nos moyens de luttes. Pour paraphraser Frédéric Lordon : la solidarité dans la réflexion et dans les actions sont nos premières cellules psychologiques de crise. N’abandonnons pas l’organisation contre les mesures antisociales prises par le gouvernement en matière de chômage, de sécurité sociale, de droit au logement, de soins de santé, de mise à mort de la culture et des artistes, etc… Dans un climat sécuritaire, ceci est un appel à la désobéissance civile.

1    http://www.vacarme.org/article2811.html

2    http://www.middleeasteye.net/columns/paris-palestine-psychology-solidarity-40444441

3 https://docs.google.com/spreadsheets/d/1SiPOdDs495IKMt5Nk0mJML37vQESa0OOzB7PXdiIwIw/htmlview?sle=true#gid=0

4    http://stateofmind13.com/2015/11/14/from-beirut-this-is-paris-in-a-world-that-doesnt-care-about-arab-lives/

5    http://www.rtl.fr/actu/societe-faits-divers/attentats-de-paris-les-comportements-a-adopter-pour-ne-pas-entretenir-la-psychose-7780524031

6    http://blog.marcelsel.com/2015/11/24/charles-michel-nos-enfants-ne-sont-pas-de-la-chair-a-terroristes/

 

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