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Enzo Traverso : « La mutation “post-fasciste” risque de dynamiter le cadre politique »

12 décembre 2015 par Enzo Traverso

antifa

photo cc Blandine Le Cain

L’historien Enzo Traverso définit le post-fascisme comme un phénomène profondément différent du fascisme classique et, surtout, comme un processus de transformation politique dont on ignore largement l’issue.

En avant-première du dossier du prochain numéro de Regards, consacré aux droites extrêmes, nous mettons en ligne une partie de l’interview d’Enzo Traverso – qui abordera aussi la notion d’ »islamo-fascisme »…

Regards. La montée des droites radicales en Europe suscite massivement des références au fascisme historique. Vous avez manifesté vos réticences au jeu des analogies. Pourquoi ?

Enzo Traverso. Les droites radicales qui montent aujourd’hui en Europe – une ascension spectaculaire dans certains pays comme la France – se nourrissent de la crise économique, de même que leurs ancêtres des années entre les deux guerres. Mais cette crise est très différente de l’ancienne, le contexte a profondément changé et même les droites extrêmes ne sont plus les mêmes. Pendant les années 1930, le capitalisme semblait menacé de s’effondrer. D’une part, à cause de la récession internationale et, d’autre part, à cause de l’existence de l’URSS qui se présentait comme une alternative globale à un système socio-économique que tout le monde considérait historiquement épuisé. La crise de ces dernières années a été d’abord une crise financière, puis elle s’est installée dans la zone euro comme une crise de la dette publique. Aujourd’hui, le capitalisme se porte très bien et il n’a pas d’alternative visible ; il creuse les inégalités sociales mais ne cesse d’étendre son emprise à l’échelle planétaire.

 » Les droites radicales demeurent marquées par leurs origines fascistes, mais essaient de s’émanciper de ce lourd héritage « 

Comment le capitalisme se situe-t-il, aujourd’hui, face aux mouvements d’extrême droite ?

Pendant les années 1930, les élites dominantes n’échappaient pas à la spirale du nationalisme enclenchée par la Grande Guerre et voyaient dans le fascisme une option politique possible (en Italie d’abord, puis en Allemagne, en Autriche, en Espagne, en Europe centrale, etc.). Sans ce soutien, les fascismes n’auraient pas pu se métamorphoser de mouvements plébéiens en régimes politiques. Aujourd’hui, en revanche, le capitalisme globalisé ne soutient pas les mouvements d’extrême droite ; il s’accommode très bien de la Troïka [la Commission de Bruxelles, la BCE et le FMI]. Pendant les années 1930, les fascismes exprimaient une tendance diffuse vers un renforcement des États, ce que plusieurs analystes interprétaient comme l’avènement d’un État “total” avant même l’arrivée au pouvoir d’Hitler en Allemagne (renforcement de l’exécutif, intervention étatique dans l’économie, militarisation, nationalisme, etc.). L’“état d’exception” qui s’installe aujourd’hui n’est pas fasciste ou fascisant, mais néolibéral : il transforme les autorités politiques en simples exécutants des choix des pouvoirs financiers qui dominent l’économie globale. Il n’incarne pas l’État fort, plutôt un État soumis, qui a transféré aux marchés une grande partie de sa souveraineté.

Vous avez proposé d’utiliser le concept de “post-fasciste” pour désigner la droite radicale de notre temps. En même temps, vous reconnaissez les limites de cette notion. Pouvez-vous en dire plus ?

Le concept de “post-fascisme” désigne une transition en cours dont on ne connaît pas encore l’aboutissement. Les droites radicales demeurent marquées par leurs origines fascistes (en Europe centrale, elles revendiquent même cette continuité historique), mais essaient de s’émanciper de ce lourd héritage et de faire peau neuve, en modifiant en profondeur leur culture et leur idéologie. Leur filiation avec le fascisme classique devient de plus en plus problématique. Le cas français est particulièrement emblématique de cette mutation, illustrée par le conflit entre Jean-Marie et Marine Le Pen : un leadership dynastique, dans lequel le père incarne l’âme fasciste originelle et la fille une nouvelle âme qui voudrait transmigrer les valeurs anciennes (nationalisme, xénophobie, racisme, autoritarisme, protectionnisme économique) dans un cadre républicain et libéral- démocratique.

 » Lorsque l’ensemble de la classe politique française s’aligne sur les positions du Fn, lutter contre ce dernier au nom de la République devient presque incompréhensible « 

Peut-on appréhender les effets de cette transformation “post-fasciste” ?

Cette mutation risque de dynamiter le cadre politique. Lorsque, après les attentats de janvier et surtout de novembre, c’est l’ensemble de la classe politique française qui s’aligne sur les positions du FN (du PS à la droite), lutter contre ce dernier au nom de la République devient presque incompréhensible. Le FN n’est pas une force “antirépublicaine” comme pouvait l’être l’Action française sous la IIIe République. Sa mutation révèle plutôt les contradictions intrinsèques du national-républicanisme. Il ne s’agit pas, sauf exception, d’une transition du fascisme vers la démocratie, mais vers quelque chose de nouveau, encore inconnu, qui remet en question en profondeur les démocraties réellement existantes. Non plus le fascisme classique, mais pas encore autre chose : c’est dans ce sens que je l’ai appelé post-fascisme.

Dans l’univers mental du “post-fascisme”, la haine du musulman a pris la place de celle du juif, sans que s’efface le vieux fonds de l’antisémitisme. Comment cela fonctionne-t-il ?

Historiquement, l’antisémitisme était un des piliers des nationalismes européens, notamment en France et en Allemagne. Il agissait comme un code culturel autour duquel on pouvait construire une idée d’“identité nationale” : le juif était l’“anti-France”, un corps étranger qui rongeait et affaiblissait la nation de l’intérieur. L’épilogue génocidaire du nazisme tend à singulariser la haine des juifs et à brouiller les analogies profondes qui existent entre l’antisémitisme européen d’avant la seconde guerre mondiale et l’islamophobie contemporaine. Comme le juif autrefois, aujourd’hui le musulman est devenu l’ennemi intérieur : inassimilable, porteur d’une religion et d’une culture étrangères aux valeurs occidentales, virus corrupteur des mœurs et menace permanente de l’ordre social… Le juif anarchiste ou bolchevik a été remplacé par le musulman djihadiste, le nez crochu par la barbe, le cosmopolitisme juif par le djihad international.

 » La phobie du voile islamique a remplacé la misognie et l’homophobie des fascismes classiques « 

Le parallèle se prolonge-t-il sous d’autres aspects ?

Il y a en effet d’autres analogies : le spectacle déplorable de nos chefs d’État se renvoyant la balle pour ne pas accueillir les réfugiés qui fuient les régions ravagées par nos “guerres humanitaires” rappelle de près la conférence d’Évian de 1938, pendant laquelle les grandes puissances occidentales n’arrivèrent pas à trouver un accord pour accueillir les juifs qui quittaient l’Allemagne et l’Autriche nazifiées. Parallèlement à cette mutation, il y en a d’autres : la phobie du voile islamique a remplacé la misogynie et l’homophobie des fascismes classiques. Aujourd’hui, dans plusieurs pays d’Europe occidentale, les mouvements post-fascistes prêchent l’exclusion et la haine au nom du droit et des libertés individuelles. Certes, il s’agit d’un processus contradictoire, car les vieux préjugés n’ont certes pas disparu au sein de l’électorat de ces mouvements, mais la tendance est assez claire. Reste que nous ne pouvons pas combattre la xénophobie contemporaine avec les arguments de l’antifascisme traditionnel.

Source : Regards

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