Dans quelques heures le congrès de la FGTB wallonne ouvrira ses portes dans l’univers lumineux de la Cité Miroir à Liège. Congrès, instance souveraine de l’organisation, c’est du moins ce que disent les statuts… Mais qu’est-ce qui se trouve derrière les miroirs ?
Le vote, un frein à l’unité ?
Depuis plusieurs semaines la presse a reproduit plusieurs fois l’affirmation que les responsables de la FGTB « redoutaient » la tenue d’un vote pour départager plusieurs candidat-e-s à la succession d’Anne Demelenne comme Secrétaire Générale sous prétexte qu’un tel vote serait porteur de divisions… Le déroulement des nombreux conciliabules à tous les étages cadre totalement avec cette conception très particulière de la démocratie interne. Déjà qu’on ne parle pratiquement pas de la ligne politique du syndicat wallon, les successions occupant toute la place, l’opacité du processus de désignation est significative de la gangrène bureaucratique qui ronge la FGTB.
Qui a été consulté pour soutenir telle ou telle candidature ? Les affiliés ? Les délégués ? Les membres des différents exécutifs (dans les Régionales ou les Centrales) ? Comment et où a-t-on pu entendre les candidats s’expliquer sur leur programme, leurs intentions ?
Ca ne se passe pas comme ça à la FGTB. Quelques dizaines de « dirigeants » jouent au Monopoly avec en mains un paquet de cartes, chacune représentant la voix d’un affilié. Les instances officielles (le Comité Fédéral, le Bureau Fédéral) sont encore trop « larges », on leur préfère des cénacles moins nombreux, des groupes de « sages », des conclaves de leaders de Centrales. On conclut des protocoles, des « addendum au protocole », des notes interprétatives des protocoles. L’art du compromis tel qu’il est enseigné aux syndicalistes par le patronat dans les « relations paritaires » et qui sert surtout à calmer les ardeurs de la base.
Plus on est de fous…
Il semble que cette cette intense période de contorsions bureaucratiques aura porté ses fruits. Fumée blanche : on peut désigner un nouveau pape. Et quelques soupapes… car il faut bien « garantir l’unité » de l’organisation, il ne peut donc pas y avoir de perdants. Il y a assez d’articles dans les statuts pour dissimuler derrière eux une bonne raison « d’élargir » ou de « rééquilibrer » telle instance et y faire le nid d’un-e candidat-e déçu-e. Jusqu’au prochain congrès, ou jusqu’à la retraite. Et il est tellement rare qu’on révoque un responsable…
Farid Khalmat
le 17 septembre 2014