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Culture contre civilisation et vice versa

15 mai 2014 par Pips Patroons

collage: Thierry Tillier

L’opposition allemande entre « culture » et « civilisation » est devenue réactionnaire dans le courant néoromantique suite à la 1e guerre mondiale. Elle a marqué profondément non seulement « l’idéologie allemande » en général et la pensée réactionnaire en marche vers le national-socialisme, mais également des penseurs culturels dans le monde entier, dont certains socialistes.

Selon les cercles esthétisants conservateurs allemands, leur pays avait pour tâche d’exporter la Kultur et de repousser la Zivilisation des vainqueurs Français, Britanniques et Américains. La modernité, fruit des Lumières, aurait produit une civilisation contaminée par le rationalisme, le relativisme, l’historisme et par les illusions dans le progrès. Cette modernité matérialiste aurait provoqué le refus d’admettre l’existence d’un Bien Supérieur, que ce soit le divin, la nation ou le peuple en tant qu’être organique, c’est-à-dire les attributs culturels d’un peuple, d’une « race ». La culture « völkisch » des nazis en était une de ses expressions parmi d’autres.

Cette opposition entre culture et civilisation formait un couple avec une autre opposition, celle entre Gemeinschaft  (communauté) et Gesellschaft (société). La communauté étant plus organique, naturelle, harmonique, s’oppose à la société artificielle, technique, déchirée par des contradictions, dont la lutte de classe. Tout cela avait comme ancêtre la Lebensphilosophie, la « philosophie de la vie ». Selon Wilhelm Dilthey la vie s’interprète elle-même, la réalité étant organique et non pas mécanique. On ne comprend (verstehen) pas la vie, on l’éprouve (erfahren). Tout cela avait comme prédécesseurs des gens comme Nietzsche ou Bergson. La conception de la primauté de la Kultur impliquait une certaine critique du capitalisme, mais uniquement de ses aspects superstructurels et non pas de son système, c’est-à-dire l’exploitation de la force du travail, la production de marchandises, la valeur d’échange. Il ne fallait pas transformer la société de fond en comble par une révolution qui visait l’abolition des classes sociales, mais de la restaurer en tant que communauté, un ensemble organique où les classes vivent en harmonie, à l’image d’une fausse interprétation instar de la société du Moyen Age. On ne parlait pas de Revolution mais de Aufbruch (reveil, sursaut). Cette idée romantique de la communauté connut un certain succès, non seulement chez les penseurs de droite, mais aussi dans le catholicisme social et dans la social-démocratie des années 1930, par exemple en Belgique avec le théoricien du « planisme » Henri De Man, un socialiste qui évolua vers un autoritarisme étatique et fini par se résigner à l’ordre nouveau nazi. Il avait en France comme homologue le « néo-socialiste » Marcel Déat qui dériva également vers le fascisme. Mais on retrouve une critique de « l’excès de rationalisme, du machinisme et de la standardisation » chez des auteurs de gauche, par exemple chez Georges Duhamel dans son livre Scènes de la vie future (1930).

Couverture du premier numéro de la revue néerlandaise « La Communauté », 1925

Couverture du premier numéro de la revue néerlandaise La Communauté, 1925

Oswald Spengler, l’archi-pessimiste qui publia entre 1916 et 1920 son Déclin de l’Occident, dicta que la culture, qui est l’énergie intérieure, n’a pas d’autre issue que la civilisation, qui est l’énergie du dehors, c’est-à-dire le socialisme, le cosmopolitisme, la « fuite illimité vers le vide, le néant », le nihilisme, l’absence d’une vérité morale sur laquelle on peut s’appuyer. Spengler devint le guru de toute une franche intellectuelle européenne. Elle était très attachée à la culture conçue en opposition à la civilisation. C’était aussi le cas de Goebbels, tandis que son coreligionnaire nazi Goering au contraire « sortait son revolver quand il entendait le mot culture », mais il s’agissait là de la culture de la gauche.

Certains marxistes reprennent cette distinction entre Kultur et Zivilisation (tout en étant obligé d’admettre que certains aspects de la technique appartiennent à la Kultur). Ils hypostasient selon moi l’art, qu’ils élèvent ainsi à une abstraction supérieure et autonome. Selon Michael Löwy « L’art constitue pour Marx une sorte de préfiguration d’une culture et d’une société libérées qui seraient possible à l’avenir ». Il ne m’est pas clair dans quel sens l’art de l’Antiquité grecque est la préfiguration d’une telle société libérée.

Si j’ai bien compris Isabelle Garo (L’Or des images. Art – Monnaie –  Capital, 2013) Marx refusait de considérer une histoire de l’art, tout comme il refusait une histoire de la politique, de la science, de la religion, du droit, etc. séparée de l’histoire sociale. Ce n’est pas l’art que Marx considère comme (potentiellement, partiellement) désaliénant, mais l’art comme « pratique sociale », comme travail concret.

La sacralisation de l’art et de l’artiste qui connut ses débuts au XIXe siècle bourgeois désenchanté est un aspect de la séparation de la pratique artistique, technique, de l’Art comme facteur rédempteur de l’humanité, autre divagation romantique. 

L’invention des outils en pierre était un art en soi, une « technè » pour utiliser le terme grec qui met l’accent sur le « savoir-faire » et préfigurait « en quelque sorte » la possibilité de développer l’art en général. Pour paraphraser Brecht : « D’abord vient la technique, puis vient l’art ». De plus en plus les formes artistiques actuelles sont tributaires du numérique, donc des nouvelles techniques industrielles. L’art fait partie de la technique et appartient donc aussi bien à la Zivilisation qu’à la Kultur.

Mais laissons les spéculations philosophiques pour ce qu’elles sont. En bon matérialistes nous devons nous tenir à une définition de la culture comme ce qui différencie globalement l’humanité des autres êtres vivants. La culture c’est ce qui ne se transmet pas par la voie de l’hérédité biologique, mais ce que les hommes se transmettent de génération en génération à travers leurs traditions, leurs institutions, leurs techniques, leur savoir-faire ; qu’ils sont en mesure de transformer, de changer et ainsi de se transformer eux-mêmes culturellement. C’est plutôt la technique (dans son contexte social) que « l’art » qui joue un rôle fondamental.

Une définition « matérialiste » de la culture à été donnée en 1855 par Gustav Klemm dont je cite la phrase suivante : « La culture est le résultat de l’interaction entres les humains et la nature et depuis lors des relations entre les gens. » (Algemeine Culturwissenschaft II). Selon Patrick Tort, l’épistémologue et directeur du Dictionnaire du darwinisme et de l’évolution (1996) « … toute civilisation est créatrice de formes. Elle diffère en ceci de la société (qui consiste en une structure économique, en un mode de production, en rapports de propriétés, etc. …) et de la culture (qui consiste en connaissances, connus appris, faits retenus, en œuvres admises). » Cette approche matérialiste me semble plus apte à comprendre les cultures que l’approche mystifiante et mystique qui transforme les concepts sociologiques en idées indépendantes, absolues.

(La semaine prochaine : Le végétarisme comme choix culturel)

collage: Thierry Tillier (détail)

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Pips Patroons est né à Anvers en 1946, a passé son enfance au Congo, a étudié l'histoire à l'Université de Gand puis à l'Université Catholique de Louvain. Après avoir habité en Angleterre, puis dans le sud-ouest de la France, il est revenu dans une Belgique récemment, un pays dont il ne reconnaît pas encore toutes les nouveautés. Il est militant de la gauche radicale depuis longtemps et prépare un ouvrage sur l’idéologie du mouvement flamand au 20e siècle.
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