La Charte de Quaregnon aura 120 ans le 26 mars prochain. C’est en effet en 1894, neuf ans après sa fondation, que le congrès du Parti Ouvrier Belge adopta ce texte, qui était en même temps son premier document programmatique.
Dans un article écrit pour le 90e anniversaire de la Charte, Ernest Mandel notait : « La Charte de Quaregnon est résolument anticapitaliste. Elle dénonce ‘la concentration des capitaux entre les mains d’une seule classe (qui) constitue la base de toutes les autres formes de domination’. Elle affirme que le régime capitaliste est incapable d’assurer le droit à la jouissance des richesses en général et des moyens de production en particulier à l’humanité toute entière et donc ‘la plus grande somme possible de liberté et de bien-être’ à tout être humain.
« Elle est d’inspiration marxiste dans la mesure où cet anticapitalisme se cristallise dans la constatation que le régime capitaliste implique l’existence de deux classes opposées, la bourgeoisie et la classe ouvrière et que l’émancipation des travailleurs n’est possible que par la construction d’une société sans classes. Ce but à atteindre sera réalisé grâce à l’appropriation collective des moyens de production et le dépérissement de l’Etat, qui doit se transformer en administration de choses (la formule est une citation directe de Frédéric Engels) au lieu d’être un instrument de contrainte sur les hommes.
« La Charte est aussi résolument internationaliste qu’elle est anticapitaliste, puisqu’elle proclame que le POB ‘se considère comme le représentant non seulement de la classe ouvrière mais de tous les opprimés sans distinction de nationalité, de culte, de race ou de sexe’. Elle y ajoute tout de suite: ‘Les socialistes de tous les pays doivent être solidaires, l’émancipation des travailleurs n’étant pas une œuvre nationale, mais internationale’» (1).
C’est peu dire que la Charte n’inspire plus la politique du PS depuis des décennies. Mais celui-ci n’a jamais osé la récuser officiellement. Ses dirigeants ont préféré l’enterrer discrètement, de nuit, dans les caves du Boulevard de l’Empereur. Pour éviter un débat qui aurait montré à quel point ils ont trahi leurs origines…
Ce débat, aujourd’hui, est plus nécessaire que jamais. Des milliers de travailleurs et de travailleuses, écoeurés par la politique néolibérale d’Elio Di Rupo, cherchent une alternative à gauche du PS et des Verts. Exhumer la Charte, la diffuser, c’est les aider à retrouver leurs racines, celles de la lutte des classes et du socialisme. C’est dans cet esprit que la section du Hainaut de la LCR, dans le cadre de la campagne PTB-GO !, lance publiquement l’invitation à une action ludique suivie d’une conférence.
L’action consistera en un rassemblement devant le domicile du Premier Ministre et Président ff du PS, à Mons. Il s’agira de lui rappeler ironiquement – et sans aucune illusion de le convaincre !- quelques-uns des principes qui fondèrent jadis le socialisme belge. En fait, le simple énoncé de ces principes suffit à illustrer l’ampleur de la trahison social-démocrate. Qu’on en juge :
– « éléments naturels ou fruits du travail, les richesses sont le patrimoine commun de l’humanité »
– « le droit à la jouissance de ce patrimoine ne peut avoir d’autre fondement que l’utilité sociale »
– « la réalisation de cet idéal est incompatible avec le maintien du régime capitaliste »
– « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes »
La conférence-débat suivra immédiatement l’action. Sous le titre « Que faire de la Charte de Quaregnon ? » elle permettra de discuter l’actualité de la Charte, mais aussi ses limites. L’échange d’idées sera introduit par quatre intervenant-e-s :
– Céline Caudron, historienne, candidate LCR sur la liste européenne PTB-GO!
– Sfia Bouarfa, conseillère régionale bruxelloise, élue sur les listes PS, signataire de l’Appel PTB-GO!
– Jean-François Tamellini, secrétaire national de la FGTB
– Marco Van Hees, tête de liste PTB sur la liste PTB-GO ! à la Chambre dans le Hainaut
– François D’Agostini, historien, candidat PC sur la liste européenne PTB-GO!
La soirée sera animée par Pierre Gillis, professeur honoraire à l’UMons, membre des Amis du Monde Diplomatique et signataire de l’appel PTB-GO « Il est des rendez-vous qu’il ne faut pas manquer ».
La soirée sera rehaussée par la présence de Marwa Mahubb, du collectif des Afghans du Borinage. Menacée d’expulsion par Maggie De Block, comme ses camarades, Marwa, par son intervention, nous rappellera concrètement qu’il n’est pas de socialisme sans internationalisme.
17H Concentration devant le domicile d’Elio Di Rupo, à Mons (rue du gouvernement provisoire)
19H Conférence-débat : Que faire de la Charte de Quaregnon ?
UMons, Auditoire Hotyat, Place Warocqué (1er étage)
Une co-organisation de la Formation Léon Lesoil et des Amis du Monde Diplomatique
PAF : 1 Euro
(1) http://www.ernestmandel.org/fr/ecrits/txt/1984/quaregnon.htm