« Un seul parti propose des mesures à la hauteur des enjeux environnementaux ; deux commencent à les intégrer mais restent loin du compte tandis que les trois derniers apparaissent déconnectés de cet enjeu essentiel ». Voilà comment Inter Environnement Wallonie résume les résultats de son analyse des programmes écologiques des principaux partis qui se présentent aux élections du 25 mai. Le « seul parti à la hauteur » est Ecolo. Le PTB-GO ! est le plus mauvais des trois très mauvais élèves, derrière le MR et le FDF.
Présentées de cette manière, les conclusions d’IEW sont évidemment ravageuses et sans appel. Pour bien enfoncer le clou, les Verts les ont exprimées sous la forme d’un histogramme qui circule abondamment sur les réseaux sociaux. Il montre Ecolo à 8,7/10, le PS à 5,7/10 et le CdH à 4 (ouf ! globalement, l’Olivier est écologiquement correct !) ; le pauvre PTB se traîne à… 0,7/10, derrière le MR. Busé, avec interdiction de revenir en deuxième session !
Pour comprendre, il suffit de savoir qu’IEW distribue ses notes aux partis sur base d’un bilan positif de l’Olivier, donc d’une certaine vision politique de la manière de lutter contre la destruction de l’environnement, et même une certaine vision des priorités environnementales.
Dans ce bref commentaire, on se contentera de quatre constats :
Premier constat : un parti qui ne pense pas que la fiscalité verte est le moyen privilégié de protéger l’environnement et qui dénonce la doxa du « développement durable » perd d’emblée trois points sur dix, avant même de commencer à répondre aux questions d’IEW.
Deuxième constat (logique avec le précédent) : pour les sept questions restantes, les mesures concrètes proposées par les programmes des partis semblent jugées à l’aune de ce qui paraît possible avec la boîte à outils du « Plan Marshall 2.vert ».
Troisième constat : pour trouver grâce aux yeux des experts d’IEW, il faut accepter la pertinence de certains indicateurs de gravité de la « crise environnementale », même si ces indicateurs sont tout à fait contestables –et contestés – d’un point de vue scientifique. Exemple : IEW juge les réponses à sa deuxième question (« Le parti a-t-il conscience de l’urgence environnementale ? ») en se basant sur le concept d’empreinte écologique mis en avant par le WWF.
Quatrième constat : certaines questions sont très précises (« Enfin une taxe de mise en circulation environnementale ? ») tandis que d’autres sont très vagues (« Pourquoi protéger la biodiversité ? »), ce qui laisse aux « experts » d’IEW une grande marge d’interprétation de la validité des programmes. Il est donc possible d’avoir une bonne cote biodiversité sans réclamer l’interdiction des cultures génétiquement modifiées, par exemple…
Il est évidemment tout à fait légitime qu’IEW dresse ses priorités en vue des élections, comme le font les syndicats et de nombreuses associations, et confronte ces priorités aux programmes des partis. La question qui se pose est : pourquoi ces priorités n’incluent-elles pas un objectif précis de réduction annuelle des émissions de gaz à effet de serre, l’interdiction des cultures d’OGM en plein champ, la fermeture immédiate des centrales nucléaires, un stop aux agrocarburants, des transports publics gratuits et de qualité, etc, etc ?
Le problème n’est pas tant la méthode que le contenu. Pour IEW, le bilan écologique de l’Olivier est positif, il s’agit donc de continuer dans cette voie, celle du « capitalisme vert ». La realpolitik l’emporte sur les impératifs écologiques. Subventions obligent ?
Avec une approche pareille, même un programme décroissant, ou un programme écosocialiste radical – donc infiniment plus cohérent que celui d’Ecolo et infiniment plus adapté à la gravité de la situation – serait moins bien coté que le programme verdâtre des citoyens Hoyos, Nollet, Deleuze & Cie…