Dès qu’ils ont entendu les résultats…
L’empressement des principaux dirigeants politiques d’Europe à tenter de récupérer ou de détourner la victoire électorale de Syriza fait peine à voir. Que des organisations qui sont liées à Syriza (ou l’une de ses composantes) se revendiquent de ce résultat, l’analysent, le critiquent, passe encore.
Mais là, on a atteint des sommets. A commencer par Hollande qui, il y a peu, marchait dans Paris avec une belle brochette de tyrans, d’assassins et de dictateurs, le voilà déclarer : «Le Président de la République rappelle l’amitié qui unit la France et la Grèce et fait part à M. Tsipras de sa volonté de poursuivre l’étroite coopération entre nos deux pays, au service de la croissance et de la stabilité de la zone euro, dans l’esprit de progrès, de solidarité et de responsabilité qui est au cœur des valeurs européennes que nous partageons». La France qui partage ses valeurs… mais qui n’a pas hésité à plonger le peuple grec dans la misère en participant sans retenue au pillage organisé par la Troïka.
Passons sur les propos enflammés des Le Pen, père et fille (on sait maintenant ce qui a mis le feu à leur maison…) qui voient dans la victoire de Syriza « un désaveu de l’Union Européenne » qui va « dans le même sens que le combat que nous menons ».
En Belgique, on ne fait pas mieux. Et le pompon revient à Elio Di Rupo qui, se rappelant qu’il est « de gauche », n’hésite pas à s’approprier un large morceau de cette « victoire éclatante ». « Les Grecs se sont exprimés: ils ont largement plébiscité la gauche et ont affirmé avec force leur volonté de rompre avec les politiques d’austérité en vigueur dans leur pays. Elio Di Rupo salue la victoire éclatante de Syriza et espère qu’elle rendra espoir au peuple grec ». Pas un mot de sa gauche à lui, le PASOK, qui s’effondre aussi lamentablement qu’une œuvre d’Arne Quinze !
Raoul Hedebouw ouvre une nouvelle séquence politique
Dans la gauche radicale il y a aussi des conversions rapides. Ainsi le fringant député fédéral du PTB-GO qui déclarait ce lundi 26 janvier sur RTL que le PTB avait soutenu « l’ensemble de la gauche anti-austérité »[1]. Quand le journaliste l’interroge sur l’attitude du KKE en ces termes, « Le Parti Communiste Grec, le KKE, refusait de s’allier avec Syrisa ? » Raoul Hedebouw répond « Mais oui moi je regrette ça, moi je ne suis pas le KKE, si vous voulez les inviter, vous pouvez les inviter à venir parler, moi je me réjouis de cette percée de la gauche anti-austérité, cette diversité en Grèce devant cette complexité elle est là et il faut pouvoir la soutenir ». Une phrase embarrassée qui escamote le soutien du PTB au KKE et à sa ligne sectaire, encore exprimé quelques jours avant le scrutin dans un communiqué [2]. Le PTB y écrivait : « (…) le KKE était et sera toujours en première ligne de la lutte. Nous espérons que votre position de principe vous mènera à plus de succès dans la lutte de classe et dans les élections ». Cette « position de principe » du KKE n’était-elle pas justement le refus de toute collaboration avec Syriza, considérée par le KKE comme « la force de réserve de gauche du capitalisme »[3] ?
[1] http://www.rtl.be/videos/video/523707.aspx
[2] ici en anglais : http://inter.kke.gr/fr/articles/Solidarity-with-the-KKE-00003/
et ici en grec : http://www.902.gr/sites/default/files/komma_ergaton_velgioy.pdf
[3] voir ici sur le site du KKE en français un article qui porte ce titre (http://inter.kke.gr/fr/documents/)