Le terrorisme est à la une des médias. Il est, selon eux, le fait de forces étrangères à notre culture démocratique et tolérante. Si des nationaux européens participent à des actions terroristes ou les approuvent, c’est qu’ils appartiennent à ou sont influencés par ces forces idéologiques étrangères. Ainsi les médias suivent en général la conception de Samuel P. Huntington qui caractérise notre époque comme celle du « clash des civilisations ». Un regard vers un passé que mes parents et grands-parents ont vécu jette, par contre, une lumière différente sur cette « analyse » de Huntington. Je n’accuse nullement les journalistes de taire volontairement ce passé relativement récent. La logique marchande (dirigé vers le sensationnel et le superficiel) des médias fait partie de cette absence de mémoire historique typique du postmodernisme. Je ne veux même pas rappeler le terrorisme perpétré par les blancs et les rouges dans la guerre civile russe et autres pogroms de la deuxième guerre mondiale, mais simplement mentionner l’Italie des années vingt du siècle passé où les fascistes prirent le pouvoir avec l’approbation de la grande majorité du monde comme il faut : la bourgeoisie et la bureaucratie religieuse. On prétend que ce fascisme là, à la différence de la forme que le fascisme prit en Allemagne sous le nom de national-socialisme, était plutôt bénin. Pour vous convaincre du contraire vous n’avez qu’à lire le livre qu’Angelo Tasca, un ancien dirigeant communiste, publia en 1938 sous le titre Naissance du fascisme – L’Italie de l’armistice à la marche sur Rome (dans la collection Tel de Gallimard, 2004). Le chapitre VII, intitulé la contre-révolution « posthume et préventive » donne le récit du terrorisme meurtrier perpétré par les bandes fascistes contre les organisations ouvrières en général et contre les ligues paysannes socialistes en particulier. Le sang a coulé et les maisons du peuple ont brulé. Certes, il s’agissait d’un clash, mais d’un clash des classes sociales. Aujourd’hui une organisation nazie comme Aube Dorée en Grèce en est la preuve actuelle. Le ventre est fécond encore d’où sort la bête.
photomontage: Little Shiva