Nous avions précédemment mis en garde contre les conséquences désastreuses du budget concocté par le Mouvement Ennahdha par le truchement de son gouvernement conspirateur et son Assemblée qui ont contourné la volonté populaire et le processus révolutionnaire. Un budget que nous, la Ligue de la Gauche Ouvrière, avons considéré comme une punition du peuple paupérisé et des régions oubliées pour leurs protestations contre le dispositif du 23 octobre. [1]
Quand les effets de la guerre des taxes lancée contre les moyens de subsistance du peuple à coups de hausses astronomiques sans précédent dans l’histoire de la Tunisie des taxes et redevances ont commencé à peser lourd sur le quotidien du peuple, notamment les couches paupérisées et marginalisées, une nouvelle vague de protestations ont été déclenchées et commencent à balayer l’intérieur du pays. C’est un message de rejet de ces mesures punitives dont l’agressivité et les lourdes conséquences n’ont pas échappé à la conscience des masses populaires. Des mesures qui servent à renflouer un budget dont les ressources finiront par être mises au service du nouveau système de corruption ou volées par le gang de la Fraternité qui a violé la volonté populaire quand elles ne seront pas utilisées pour camoufler le mercenariat politique et servir le contournement d’une justice transitionnelle qui ne rendra justice aux martyrs et blessés qu’en chassant Ennahdha du pouvoir.
Les masses affectées en colère sont de nouveau au rendez-vous en ce mois de soulèvements et la vague de protestations va s’intensifier ciblant les symboles des pouvoirs locaux et régionaux et les régies fiscales. Elles mettent l’accent sur leurs revendications et slogans. Les masses insurgées ont réitéré les mêmes exigences et slogans qu’elles n’ont pas abandonné depuis le déclenchement de la révolution le 17 décembre 2010. Par la même, elles affirment que le processus révolutionnaire est toujours en cours à travers les phases cycliques et qu’elles ne complotent pas contre leurs exigences révolutionnaires malgré les ruses de ceux qui prônent la « transition démocratique » et leurs fausses promesses de surcroit irréalisables que par la mise en œuvre des exigences des masses concernant l’emploi, le développement et le bannissement des injustices, de l’exploitation et de la marginalisation ainsi que par la rupture avec les politiques néolibérales qui veulent faire payer au peuple les crises du système capitaliste corrompu fondé sur l’exploitation, la paupérisation qu’il n’a pas choisi.
Les masses populaires ont déduit les véritables intentions d’Ennahdha et de ses courtiers et découvert ses manœuvres à propos du faux dialogue et ses solutions conspiratoires. La voilà qui tente, encore une fois, de se soustraire au budget anti-populaire planifié au niveau de son Conseil de la Choura, mis à exécution par la bande d’Ali Larayedh [2] et approuvé à l’unanimité par ses députés pour appeler à une révision des taxes et des redevances juste après le déclenchement des protestations massives. Cependant toutes ces manœuvres ne parviendront plus à tromper les masses populaires. Par ce budget odieux Ennahdha s’est isolé après avoir perdu le petit peu de confiance qui lui reste même en s’appuyant sur la religion. La démission du gouvernement criminel ne va pas l’absoudre vis-à-vis de la patrie et du peuple comme elle ne va pas le soustraire à ses responsabilités et encore moins les quelques lois populistes qu’il veut imposer dans certains secteurs .
– Pour la continuation des protestations et des grèves jusqu’au retrait du budget catastrophique.
– Non aux choix néolibéraux antipopulaires.
Ligue de la Gauche Ouvrière
8 janvier 2014
[1] Dispositif politique au pouvoir, consécutif aux élections de Assemblée nationale constituante (ANC) du 23 octobre 2011, qui a mis le Mouvement Ennahdha à la tête d’un gouvernement de coalition (Note du traducteur).
[2] Chef du gouvernement tunisien depuis mars 2013 jusqu’au 9 janvier en cours. Il a remis sa démission suite à un accord conclu dans le cadre du dialogue national (NdT).
traduction de l’arabe par Rafik Khalfaoui
pour le site www.lcr-lagauche.org