Une septantaine de personnes se sont rassemblées ce samedi 8 février au Vecteur à Charleroi autour du livre d’André Henry L’épopée des verriers du pays noir pour se rappeler de la lutte des verriers et en tirer les leçons pour les combats à mener aujourd’hui.
Un premier panel d’intervenants, rassemblant certains de ceux qui ont mené la lutte en première ligne ou qui l’ont soutenue à l’époque, a permis de parcourir l’épopée relatée à travers le livre. Léon Stas, délégué de Glaverbel-Gilly a expliqué la façon dont de jeunes travailleurs comme lui, André et quelques autres ont commencé au milieu des années 1960 à construire patiemment ce qui est devenu, dix ans plus tard, la marque de fabrique des travailleurs de Glaverbel-Gilly: un syndicalisme de combat démocratique et anticapitaliste. André a résumé ensuite le déroulement des grèves de 1973, 1974 et 1975, toutes menées avec occupation d’usine et élection de comité de grève, et qui ont toutes fait triompher l’insolence ouvrière face à l’arrogance patronale. Jean Daems, formateur à la Fondation Travail Université est quant à lui revenu sur l’expérience novatrice de formation-reconversion autogérée par les travailleurs de Glaverbel au début des années 1980 dans la perspective de création de nouveaux emplois à travers une entreprise publique de rénovation-isolation des bâtiments. Enfin, Denis Horman, co-auteur de l’ouvrage et journaliste à La Gauche, a évoqué le travail politique mené par André et ses camarades de la LRT (devenue LCR depuis) comme valeur ajoutée au combat des verriers, tout en respectant toujours l’indépendance syndicale.
Comme ils l’ont fait à l’époque, les musiciens du GAM ont animé cet après-midi en chansons de luttes, l’occasion de reprendre en choeur le fameux chant des verriers, mis en musique par leurs soins sur les paroles écrites par les travailleurs de Glaverbel-Gilly pendant la grève de 1975. André a ensuite reçu, à la demande expresse de nos camarades marocains qui se sont chargés de ce travail de traduction, une version en arabe du livre Syndicalisme de combat et parti révolutionnaire qu’il a écrit en 1977 dans le feu de l’action.
Un second panel d’intervenants a clôturé l’après-midi en se penchant sur l’actualité du livre d’André Henry. Johnny Coopmans, militant du PTB Charleroi, Céline Moreau, formatrice au CEPAG et Céline Caudron, militante de la LCR et co-auteure de l’ouvrage, ont soulevé certaines questions que le combat des travailleurs de Glaverbel pose toujours trente ans plus tard pour l’action syndicale et qui sont résumées dans leur commentaire publié sur ce site.
Excusant l’absence pour raisons familiales de Daniel Piron, secrétaire régional de la FGTB Charleroi-Sud Hainaut, et de Christian Viroux, ancien secrétaire régional de la Centrale Générale de Charleroi, Carlo Briscolini, Président de la régionale, a eu le mot de la fin. Tout en saluant le mérite d’André et de ses camarades verriers à travers leur combat, il a de nouveau souligné la ferme volonté de la régionale de continuer à mener le débat démocratique sur la stratégie syndicale et d’intervenir en toute autonomie dans le champ politique, volonté qui s’est traduite publiquement par l’appel du 1er mai 2012 au rassemblement des forces de gauche et la publication de deux brochures, 8 questions et 10 objectifs, disponibles en téléchargement sur notre site.
Cet après-midi a été riche en retrouvailles, en souvenirs et en perspectives. Alors que l’annonce du la fermeture d’ACG Roux vient de tomber et que, avec la fermeture de Saint Gobain, la région de Charleroi va encore perdre 500 emplois dans le secteur, espérons que le livre d’André puisse inspirer les nécessaires combats à mener dans le secteur verrier et au-delà.